Les 12 enfants de Paris - Tim Willocks

Août 1572, véritable période noire dans l'Histoire de France. L'entente et le statut quo qui pouvaient exister entre les catholiques et les protestants volent en éclats. Sur Paris se déferlent haine et violence sur fond de guerre de religion. Des milliers de protestants se font massacrer en ce jour de la Saint Barthélémy. C'est dans ce contexte lourd et pesant que va se dérouler l'intrigue des "12 enfants de Paris".

Mattias Tannhauser, chevalier de l'ordre de la Croix de Malte, se rend dans la capitale pour retrouver sa femme, Carla, qui s'est rendue à l'invitation au mariage de Marguerite de Valois et d'Henri de Navarre bien qu'enceinte et seule. Mattias va se jeter dans la gueule du loup et aux portes de l'enfer pour retrouver sa bien aimée. Le chevalier va alors tenter de dénouer mystères et énigmes, tout en ne s'épargnant pas d'efforts dans la violence.

Cet ouvrage se déroule presque intégralement au ras des pavés de la capitale. La noblesse et intrigues de cour ne sont pas légions dans ce roman comme on aurait pu l'imaginer. Non que ce parti-pris soit une mauvaise idée, au contraire, c'est même un des gros points forts du récit et les premières 200 pages séduisent par leur réalisme et leur noirceur décomplexée. Malheureusement ce style si attirant se répète tout au long des 900 pages. Les 2/3 de cette histoire sont constitués presque exclusivement de têtes coupées, de membres tranchés et de ventres ouverts.

Pour être tout à fait franc, dès les 500/600è pages je ne suis plus parvenu à tenir le compte de ses victimes, à parvenir à les dissocier les unes des autres. Malgré tout Tannhauser va se laisser séduire par plusieurs enfants vagabonds ou orphelins. Ceux-ci s'accrochent à cet homme pour parvenir à échapper à ce lieu de massacre. C'est d'ailleurs étonnant de le voir s'émouvoir pour ces petites âmes après avoir assisté à un tel déballage de colère.

Carla nous ensorcèle par son caractère, par sa gentillesse et sa grande détermination. Son passage dans la cour des miracles m'a fait perdre un peu d'admiration pour son personnage. Etait-il nécessaire de mettre en place une partie "sorcellerie" ? Quelle place a cette scène dans le déroulement de l'histoire ?

Tim Willocks séduit avec ce roman et confirme son talent aperçu dans son précédent ouvrage "La Religion". Même si l'accumulation de violence peut blaser, ou dérouter, l'auteur nous tient en haleine jusqu'au bout. 900 pages d'une histoire qui se déroule sur une journée seulement c'est très fort. A vous de rester bien accroché pour tenir le fin mot de l'intrigue. Qui a voulu piéger Mattias en ordonnant l'enlèvement de Clara ? Et surtout pourquoi ?